NOUS

14 mars 2020

NOUS, TRAVAILLEUSES MAJORITAIREMENT PRÉCAIRES DE L’ART ET DE LA
LITTÉRATURE

Ne souhaitons pas que l’ensemble des événements – conférences, ateliers, interventions – qui constituent une part essentielle de notre économie, soient annulé·e·s par les institutions publiques et privées qui nous avaient invitées avant la crise du COVID.

Maintenons-les et saisissons-nous de cette nouvelle contrainte pour proposer et inventer d’autres formats.

Nous demandons aux structures et institutions de garder ouvertes les discussions afin de ne pas retirer entièrement les publics et les étudiant·e·s de l’équation.

Il existe d’autres manières de travailler à distance, de chez soi, avec de nombreux outils numériques et gratuits qui sont déjà à notre disposition et que nous maîtrisons.

Nous faisons partie d’un atelier d’écriture qui se retrouve mensuellement, l’épidémie nous oblige à nous réunir par Skype et cela fonctionne parfaitement.

Plutôt que d’annuler, de reporter sine die, essayer de travailler autrement nous redonne des forces et de l’espoir et nous permet d’être solidaires et à l’écoute les unes des autres, de maintenir le contact et de continuer à créer.

Il existe de nombreuses solutions et nous préférons y réfléchir, au cas par cas, plutôt que d’annuler systématiquement et de renoncer.

Il faut proposer et opposer des réponses adaptées aux lieux, organismes et institutions, qui auraient pour seule réaction l’annulation pure et simple.

Il faut discuter avec les équipes des organismes qui nous invitent, et imaginer avec elles de nouvelles formes d’intervention, de partage et de soutien, de nouvelles manières de diffuser nos travaux et nos œuvres. En ces temps de crise, où la distanciation sociale est un acte citoyen essentiel, concevoir de nouveaux formats d’échanges et de création est aussi une manière de combattre l’isolement et de soutenir économiquement notre communauté artistique.

Il est dans l’intérêt de tou·te·s de continuer à travailler et de réagir afin de minimiser les impacts et la sur-précarisation de nos métiers déjà fragiles et menacés.

Écoutez les propositions que nous allons vous faire.

Nous sommes justement une force de proposition.

S’il y a une chose que nous savons faire, c’est inventer.

Louise Aleksiejew, artiste et professeure de dessin à l’Eesi de Poitiers.
Estelle Benazet, intermittente du spectacle et autrice.
Fabienne Bideaud, historienne de l’art, curatrice, critique et enseignante.
Jagna Ciuchta, artiste.
Stephanie Garzanti, enseignante en arts plastiques.
Anaïs Lepage, historienne de l’art, curatrice indépendante et enseignante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Émilie Notéris, travailleuse du texte (théoricienne queer et traductrice).
Nathanaëlle Puaud, coordinatrice d’expositions et de résidences.